Les hommes de trente ans qui ne veulent pas grandir

De très nombreux hommes, même passé la trentaine, s’adonnent aux jeux sur consoles sans retenue, sous l’œil mi-goguenard mi-agacé de leurs compagnes. Attardés? Pas si sûr, d’autant que les aînés n’ont pas montré que des exemples édifiants…

Nouvelles technos pour grands ados

A l’âge où les hommes des générations précédentes commençaient à vraiment se prendre au sérieux et à se couler dans le moule, les trentenaires d’aujourd’hui affichent souvent sans aucun complexe leur passion immodérée pour les jeux électroniques.
Comme Obélix et sa potion magique, ils sont souvent tombés dedans quand ils étaient petits. Leur enfance a vu émerger les premiers jeux sur écran tel le tennis, par exemple, qui se limitait à un point lumineux renvoyé par deux barrettes qui ne bougeaient que de haut en bas, avec en fond sonore un pauvre ploc-ploc sensé évoquer les passing shots des champions.

Tout a changé, la couleur, les sons, le scénario des jeux en font une activité au réalisme vertigineux. D’autant plus que l’ergonomie, le lien entre l’utilisateur et la machine, s’est considérablement améliorée avec les joysticks, les pédaliers électroniques et autres volants à retour de force.

“ Je sais bien que l’on pense que je suis immature, mais je m’en moque. Ces jeux sur console me permettent de m’évader, de me changer les idées et d’exister en plus puissant dans une autre réalité ” explique Christophe sans détour. Comme lui, ils sont pléthore à sacrifier du sommeil ou du temps libre avec leur compagne pour devenir le temps de parties effrénées des as du volant, des exterminateurs d’extraterrestres ou encore des experts en arts martiaux. Chez Sony on indique que plus d’un tiers des adeptes de la Playstation ont plus de 25 ans. Sans sombrer dans la caricature, on peut y voir une illustration du syndrome de Dr Jekyll et Mr Hide : la vie ne nous offre que rarement l’occasion d’être un héros super-puissant au crédit de vie illimité. Pour autant, faut-il en déduire que les accros des jeux sur console sont vraiment des immatures invétérés ?

L’exemple des anciens

Il ne faut pas oublier que selon certains chercheurs, les personnages ou les situations proposées dans les jeux ne forment après tout qu’une continuité avec un très vieux fonds de culture : Hercule, par exemple, est une représentation du héros qui a bercé des générations non seulement de petits athéniens ou de petits spartiates mais aussi d’adultes bien avant la révolution numérique!
Moins culturelles, et un peu plus ringardes avouons-le, sont les activités ludiques auxquelles nos aînés vouaient un passion aussi égoïste en apparence. “ Je veux bien que l’on se moque de moi quand je passe des heures à me battre sur Tekken ou à tenter de battre mon record de vitesse sur Gran Turismo. Mais, franchement, quand mon père passait des heures au bistrot à jouer aux courses, personne ne s’en moquait. C’est un peu injuste ” soutient Bertrand avec un brin d’agacement.

Il est vrai que les pères de la génération précédente avaient eux aussi leurs dadas, et personne ne s’en portait plus mal, sauf peut-être le porte-monnaie familial.

Dans le même ordre d’idées, un homme qui impose à sa compagne tous les matchs de foot retransmis à la télévision ou ses nombreux entraînements pour enfin devenir ceinture noire de karaté n’est-il pas aussi immature que les joueurs sur console? Ne poursuit-il pas de la même manière des rêves un peu juvéniles, ne témoigne-t-il pas d’un égoïsme patent ?

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